Lorsque Loïe Fuller arriva à Paris, en 1892, elle était encore inconnue. Qui alors aurait pu deviner qu'elle allait révolutionner la danse, connaître le succès et la gloire, inspirer les plus grands sculpteurs de son temps, les plus grands peintres, de Rodin à Toulouse-Lautrec? Si une vie peut être qualifiée d'extraordinaire, c'est bien la sienne. On ne saurait trop s'étonner, en effet, que cette américaine replète en vînt à personnaliser la «Parisienne», son charme et sa légèreté; que du fond de l'Illinois elle sût trouver le chemin des bras de la reine de Roumanie.
Il suffit de lire les réactions qu'elle suscitait pour comprendre à quel point ses danses étaient fascinantes. Un journaliste écrivait par exemple: «Voilà la grande attraction du moment. C'est miss Fuller, cette Américaine qui tourbillonne sous la lumière électrique et fait flotter autour d'elle comme des ailes de papillon, des calices de fleurs ou des nuages irisés, les longs plis de sa robe traînante. Est-elle jolie cette Américaine? Je n'en sais rien et elle n'a pas besoin d'être jolie. Elle est supérieure à la vie même».