Alors que l’on s’apprête à célébrer le cent cinquantième anniversaire de la naissance de Claude Debussy par des colloques, des publications et des concerts, il nous a semblé opportun, dans le cadre de la réflexion entreprise sur les rapports texte-musique dans les œuvres vocales tout au long des précédents numéros de la revue Musicorum, de consacrer un ensemble d’études aux mélodies de ce compositeur afin de proposer au lecteur non un panorama complet mais plutôt un échantillon des recherches musicologiques menées actuellement sur ce corpus. Il sera question ici, plus spécifiquement, des recueils de mélodies sur des poèmes de Verlaine et de Mallarmé (bien que soit aussi abordée plus d’une fois la question des relations que la pensée musicale de Debussy entretient avec l’esthétique baudelairienne).
La conjonction Verlaine- Debussy, souvent considérée comme moins profonde que la relation Mallarmé-Debussy, fait l’objet d’un réexamen visant à faire ressortir, sur le plan esthétique, l’étroite affinité de leur pensée. La première mélodie du second recueil de Fêtes galantes, « Les ingénus », est étudiée précisément sous plusieurs aspects touchant à la prosodie musicale et à la « mise en place » syntaxique et formelle. Puis sont abordés les problèmes d’interprétation que pose ce répertoire difficile et exigeant, problèmes auxquels la consultation des rares archives sonores du début du vingtième siècle relatives à l’art de la déclamation est susceptible d’apporter de précieux éléments de réponse. Un vaste essai, enfin, est consacré aux jugements qui ont jalonné l’histoire de la réception des Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé durant une quarantaine d’années et qui conditionnent encore aujourd’hui, sans même que nous en soyons forcément conscients, l’appréciation communément portée sur la production musicale du dernier Debussy.