L'orgue constitue un des piliers de notre patrimoine occidental qui fascine. Très présent dans la culture occidentale depuis au moins le Xllle siècle, il en est de fait un marqueur identitaire fort. Traditionnellement associé à l'architecture religieuse et aux pratiques cultuelles des chrétiens, il participe à la fonction sacrée sur les plans musical et aussi visuel par sa contribution décorative, parfois édifiante voire militante. A partir du XVIIIe siècle, avec le développement des concerts publics, l'orgue s'est peu à peu intégré à de nombreuses salles de concert puis, au XXe siècle, à des cinémas à l'époque du muet.
De nombreux campus universitaires sont également dotés d'un grand orgue, en Europe du Nord, aux Etats-Unis, au Japon ou en Corée. Ainsi, selon les lieux et les circonstances, instrument religieux ou profane, de structure et de taille variables, il s'est diffusé partout dans le monde. Loin d'être un objet de recherche réducteur réservé à une élite d'initiés, il est fondamentalement un objet pluridisciplinaire, à la fois ouvrage technique, instrument de musique et objet d'art, exemplaire des liens entre art et militantisme religieux, entre politique et religion, entre univers social religieux et profane.
A la suite des Etats-Unis, des institutions d'envergure se sont développées depuis plusieurs décennies chez nos voisins européens, certaines ayant un rayonnement international reconnu comme la Walcker-Stiftung für orgelwissenschaftliche Forschung, l'Institut für Orgel, Orgelforschung und Kirchenmusik de Vienne, the Royal College of Organists de Londres, le Fraunhofer Institut de Stuttgart, le département de musicologie de l'Université de Genève, et bien sûr le GOArt (Göteborg Organ Art Center). En revanche, malgré la présence de parcs organistiques de grande valeur notamment en Alsace, il n'existe rien d'équivalent dans le paysage universitaire français.
Succédant aux précédents colloques tenus à l'université de Bordeaux-Montaigne sur le facteur Dom Bedos de Celles, la réflexion collective internationale et pluridisciplinaire menée ici questionne l'objet en dégageant les perspectives possibles de recherche sur le plan de la facture, de l'architecture, des musiciens et de la musique. Elle pose un nouveau jalon intégrant les multiples facettes de l'orgue, dans la ligne conceptuelle de l'lntegrierte Orgelforschung élaborée à l'université de Siegen par le Pr. Busch à qui nous dédions avec une reconnaissance sincère ce travail.