La belle histoire des fanfares des Beaux-Arts
Véronique FLANET

«La fanfare, c'est physique. On joue sans compter, debout sur ses deux pattes à se faire bousculer par un public joyeux ou indifférent. Sous un soleil brûlant, ou dans le froid. On joue à n'en plus pouvoir, parfois à se faire éclater la peau des lèvres. Alors il y a des couacs. La fanfare des Beaux-Arts ne redoute pas les fausses notes. C'est le propre du genre, c'est inévitable. L'excès fait sa beauté.»

La fanfare des Beaux-Arts est née après-guerre entre le boulevard Saint-Germain et la Seine, dans les ateliers d'architecture de l'École. Comment ? Pourquoi ?

Pour raconter cette histoire, nous avons rencontré de nombreux anciens élèves, des messieurs, architectes, musiciens amateurs souvent de talent, et pétris de drôlerie.

Le fonctionnement des ateliers, cette sorte de "phalanstère" où ordre et liberté se mêlent avec pas mal de bizarreries, a certainement permis l'éclosion de cette musique qui aimait à se moquer de ses sources.

En 1968, c'est la débandade. Mais les fanfares ont du caractère. Elles vont aller s'ébaudir dans la rue et, au fil des années, renouveler le genre.

Reste que ces architectes, ces artistes ont, sur un mode potache et sans le vouloir, créé un genre musical à part entière, populaire et bien vivant.

Véronique Flanet est anthropologue. Elle a notamment publié La Maîtresse mort (Berger-Levrault, 1982), Le Rire du chien (Jean-Paul Rocher, éditeur, 2004), La RAF - Vie quotidienne d'un groupe terroriste dans l'Allemagne des années 1970 (L'Harmattan, 2009). Elle travaille aujourd'hui comme consultante sur des questions urbaines et d'habitat. Elle joue du trombone dans une fanfare nîmoise, les Peillasses.