Succédant à quatre éditions épuisées, en français, en italien et en anglais, cette cinquième version de Musique, mythe, nature répond à une curiosité persistante de l’auteur et de ses lecteurs. Plutôt que de questionner les avatars de ce qu’on nomme le « langage musical », et de ne prendre position que par rapport à une histoire, il s’intéresse à ce qui semble apparenter la musique à une sorte de fonction biologique permanente.
L’universalité des imageries mythiques et celle de quelques traits communs à toutes les musiques le conduisent à contester les frontières admises entre les cultures et même entre les êtres vivants. La mondialisation et la marchandisation des musiques semblent favoriser une hybridation généralisée : les cultures ne sont donc pas des systèmes autonomes et fermés, et la liberté du compositeur rencontre des limites naturelles.
À l’heure où l’humanité descend de son piédestal gréco-biblique et rêve de se réconcilier avec l’ensemble de la nature, la zoomusicologie dont F.-B.Mâche a proposé quelques principes et quelques illustrations peut paraître moins absurde qu’autrefois. En soulignant certaines données de l’invention sonore qui semblent communes à toutes les cultures et même à plusieurs espèces vivantes, ce livre a jeté des jalons sur une route qui peut mener loin, jalons qui ont d’abord servi à éclairer des pratiques de compositeur. Car si le compositeur doit souvent imposer silence au théoricien, il peut aussi – il doit sans doute – s’interroger non seulement sur l’artisanat qu’il pratique, mais sur la mystérieuse finalité de son travail.