À l'image des cinémas, des théâtres et des lieux d'exposition, les salles de concert connaissent une forte affluence sous l'Occupation. Ce succès n'échappe pas aux autorités allemandes qui l'encouragent et font de la musique « savante » l'une de leurs priorités artistiques. Pour sa part, l'État français entreprend une réorganisation du secteur musical qui implique nécessairement les compositeurs. Certains d'entre eux, notamment Henri Rabaud, participent à la réalisation d'un projet ayant pour modèle l'organisation de la musique dans l'Allemagne nazie. Ils sont néanmoins peu nombreux à fréquenter ce pays dans lequel règne un embargo sur la musique française. Les plus conciliants ont le privilège de se voir invités à commémorer le 150e anniversaire de la mort de Mozart à Vienne. Arthur Honegger et trois membres de la section musicale du bien nommé groupe Collaboration (Alfred Bachelet, Marcel Delannoy et Florent Schmitt) sont de ce « pèlerinage encore plus nazi que mozartien », selon la formule de Lucien Rebatet. À Paris, d'autres compositeurs savent faire preuve de plus de retenue bien que la gamme des comportements soit large. Les velléités de résistance sont néanmoins faibles. Rares sont ceux qui, à l'image de Francis Poulenc, militent sur les portées de leur papier à musique.
Cette étude porte un regard d'ensemble sur les différentes activités des compositeurs. Elle s'intéresse à leur implication dans la vie musicale et aux conséquences de l'Occupation sur leur activité créatrice. Composer sous Vichy, c'est aussi composer avec Vichy et avec un contexte qui résonne dans la création musicale.