L’orchestre, comment ça marche ? Quels sont les rouages de cette étrange communauté humaine et musicale ? On la perçoit comme une masse indifférenciée, sous le nom d’Orchestre philharmonique de Berlin ou d’Orchestre de Paris, négligeant trop souvent qu’il s’agit d’une réunion d’individualités. Qui sont ces musiciens d’orchestre, ces anonymes, ces sans-grade dont on oublie qu’ils sont de grands musiciens ? Ils représentent un paradoxe vivant : artistes et salariés, interprètes et exécutants, aristocrates et prolétaires. Est-ce par vocation ou par défaut qu’ils font ce métier ? Qui se soumet pendant ses études à l’excellence et à la compétition pour finalement fondre son talent dans un groupe ? Comment s’organise cette communauté fortement structurée et hiérarchisée (solistes et musiciens du rang, cordes et vents, c’est une vraie microsociété) ? Avec en point culminant le rapport au chef d’orchestre : pouvoir ou confiance ?
Si un chef se montre parfois despotique, un orchestre peut facilement le dévorer tout cru. L’orchestre peut être le paradis ou l’enfer, ses membres peuvent se comporter comme une classe turbulente ou s’élever jusqu’à la transcendance : ce sont des êtres humains, avec leurs forces, leurs travers, leurs diversités, mais lorsqu’ils communient pour le même objectif, on se trouve devant la plus magique des inventions.
De longtemps passionné par l’orchestre, son répertoire et la communauté humaine qu’il représente, Christian Merlin éclaire les us et coutumes, les servitudes et les grandeurs de cette institution avec une empathie communicative, fondée sur une documentation internationale et une longue familiarité admirative avec les musiciens.
Critique musical au Figaro depuis 2000, Christian Merlin collabore aussi aux revues L'Avant-Scène Opéra et Diapason, et participe à de nombreuses émissions sur France Musique. Il est maître de conférences à l’Université Lille 3, où il enseigne les études germaniques et la musicologie.