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De Gounod, qui fut l'une des gloires musicales les plus sûres du Second Empire et de la Troisième République, que reste-t-il aujourd'hui ? Faust, naturellement, malgré les critiques dont on l'a accablé, mais surtout à cause de ses beautés. Roméo et Juliette aussi et Mireille. Quelques mélodies encore : Venise, Le Soir, Sérénade, Ô ma belle rebelle... Tout bien considéré, la Messe de sainte Cécile n'est pas oubliée tout à fait, ni le Requiem, et la Petite symphonie reste une aubaine pour les ensembles d'instruments à vents. S'avise-t-on pourtant de reprendre Le Médecin malgré lui, Sapho, La Colombe, ou Mors et Vita ? On est surpris d'y découvrir une fraîcheur d'expression, une pureté d'écriture inattendues et surtout un style, un ton résolument personnels.
Le rejet de Gounod ou, plutôt, la rage à le dévaluer, a fait suite à un immense succès qui ne concernait qu’une partie de sa production, car sa popularité ne signifiait pas que son message artistique ait été vraiment reçu. Il est temps qu’on y revienne, avec d’autres critères et dans une perspective différente. La musique sacrée et la mélodie étaient ses domaines d’élection. Selon Ravel « le véritable instaurateur de la mélodie en France a été Charles Gounod […] qui a retrouvé le secret d'une sensualité harmonique perdue depuis les clavecinistes des XVIIe et XVIIIe siècle ». Et peu de musiciens, depuis Bach, auront si intimement lié inspiration musicale et théologie.
Après un portrait de Gounod par ceux qui l’ont connu, la partie biographique de ce livre, Au fil des jours, s’est nourrie de l’examen critique de l’ensemble des sources disponibles comme de la correspondance. La présentation des œuvres, qui forme la partie la plus importante du livre, embrasse toute la production de Gounod dont le catalogue, (presque) complet, compte désormais plus de 600 entrées. Sans négliger les partitions les plus connues, une attention particulière a été accordée à celles qu’on a plus rarement l’occasion d’entendre (messes, motets, pièces de circonstances, pages inédites ou inachevées) mais qui ont leur place, parfois essentielle, dans sa trajectoire créatrice et dans l’histoire de son temps. Gérard Condé se partage entre la composition lyrique et des recherches sur le XIXe siècle français.