Le mystère entretenu sur la vie de Nicolas Obouhow a renforcé le mythe autour du personnage et autour de cette manière de Grand Oeuvre qu'il n'a cessé de projeter : son Livre de Vie. Il appartient à l'un des courants qualifiés de « futuristes » au XXe siècle, mais sa singularité exceptionnelle le relie aux figures brûlantes de l'histoire de la musique. Ayant conçu, depuis le début du XXe siècle, un système d'écriture qui préfigure certaines des conduites compositionnelles les plus novatrices (Schoenberg, Messiaen) il s'autorise, au piano aussi bien qu'a l'orchestre, des textures véritablement inouïes. Mettant en scène un instrument de son invention - la Choix sonore - des voix criées, sifflées, un « piano-double », le compositeur vise un spectacle total avec des costumes, des couleurs projetées, dans un espace qu'il avait conçu lui-même.
Il est passionnant de redécouvrir ce musicien atypique, également inscrit dans la lignée extasiée de Scriabine, qui avait le soutien de Maurice Ravel, d'Arthur Honegger et sur lequel Claude Ballif avait levé un coin du voile.
En 2004 et en 2006, deux grandes fresques symphoniques ont été créées en collaboration avec le Holland Festival ; en 2007 une série de concerts à Moscou, avec les solistes Jay Gottlieb et Nina Barkalaïa consacra le retour d'exil - après tant de temps ! - de Nicolas Obouhow : une carrière posthume, comme en ont déjà connu bien d'autres compositeurs !