Alors que la musique de Chostakovitch semblait devoir rester largement prisonnière des normes esthétiques du réalisme socialiste, elle domine aujourd'hui la vie musicale du monde entier.
Quel est ce mystérieux pouvoir qui lui a permis, en survivant ainsi aux contraintes de l'idéologie, de sauvegarder un sens universel ? Semblablement, une autre musique soumise durant des siècles aux rigueurs doctrinales, la musique chrétienne, continue à être exécutée et même bien plus fréquemment (que l'on songe aux Passions de Bach) indépendamment des raisons cultuelles et dévotionnelles qui en furent l'origine.
Chostakovitch a vécu longtemps dans cette dualité des promesses de l'idéologie dominante qu'il faut célébrer et des évidences que l'on doit taire. De là, ce double langage, avec sa part d'ironie, d'allusions, de secrets mêmes. Son interprétation n'est donc pas sans aléas et elle a alimenté de vifs débats.
Frans Lemaire en propose ici une synthèse biographique basée essentiellement sur les témoignages qui s'imposent au départ de la musique et des textes.