Ecrite en un seul mouvement, l’œuvre est une commande du Quatuor de Saxophones de Versailles.
Sur un motif de quatre notes, le premier thème nomme les saxophones et les oppose : nous percevons l’élément Eau (soprano-baryton), dans un état fluide et informel comme un germe contenant en lui toutes les promesses de développement, face à l’élément Feu (alto-ténor) : feu dévorant, destructeur de toutes illusions, devenant de ce fait élément purificateur et régénérateur. L’exposition se poursuit par le second thème dont l’écriture modale et le caractère lyrique suscitent la rencontre des deux éléments qui, dans l’allégresse de leur reconnaissance, s’élancent au service de la Manifestation.
Le ténor par la clarté de son chant émerge du tissu sonore ; on assiste dans ce développement, à un véritable chantier alchimique : le feu brûle et libère l’eau de ses obscures profondeurs ; le germe s’anime, traverse le cercle des abîmes et s’élève en spirales ascendantes vers la lumière… Au cœur de l’œuvre dans un silencieux recueillement apparaît une nouvelle idée, inspirée par un dessin chromatique. Vient alors la phase où le feu s’intériorise en une unique aspiration au devenir éternel.
Puis la réexposition où l’aspiration devenue brûlante jaillit et enflamme l’eau : feu et eau, telles de flamboyantes cascades, inondent et consument l’ancien, forgent et structurent le nouveau. L’œuvre s’achève par une coda où les quatre saxophones s’unissent dans l’extrême grave de leurs tessitures respectives, en une lente et profonde méditation.
© Demis Visvikis