Le titre des
Attracteurs étranges fait allusion à cet univers nouveau des mathématiques, le monde "chaotique" où l'on regroupe les fractales, l'étude des turbulences, les évolutions de population, etc...
Certains de ces phénomènes portent des noms évocateurs, qui ont séduit - à retardement comme toujours - les médias : poussière de Cantor, flocon de Koch, effet papillon...
La force poétique de ces nouveaux objets mathématiques provient du fait que par des opérations très complexes, mais cachées, l'on peut produire des formes globalement simples, mais riches et frappantes pour l'imagination.
Toutefois, ici, je n'ai employé aucun procédé mathématique au sens propre. Il s'agit seulement d'une analogie poétique. A l'instar des "attracteurs étranges", sortes de pendules virtuels qui oscillent bizarrement autour de plusieurs points d'équilibre, les contours mélodiques du violoncelle décrivent des spirales qui semblent toujours revenir vers un ou plusieurs mêmes points, mais qui en fait suivent des parcours toujours différents, gauchis, détournés.
On croit parfois atteindre l'un de ces points d'équilibres : mais l'équilibre est instable, et projette la musique dans un nouveau cycle d'oscillations.
Tristan Murail