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Ayant joué du violon dans mon enfance, j'ai toujours repoussé le moment d'écrire pour les cordes seules, comme si la peur d'aborder mon instrument reprenait corps lors du passage à l'écriture.
Mais l'amitié fait des miracles et Alexis Descharmes n'a eu aucun mal à me convaincre d'écrire pour le violoncelle. Il faut dire que notre collaboration au sein de Court-circuit n'a fait qu'aiguiser mon envie de me confronter à son instrument.
Après une série de Loops, pièces solistes pour flûte(s) et percussion organisées autour de l'idée de bouclage, de morphing et de labyrinthe formel, cette nouvelle pièce pour instrument seul emprunte des voies totalement différentes, voire volontairement contradictoires.
En effet, ici pas de processus linéaires de transformation, pas de répétition littérale ni de bouclage, pas de brouillage des pistes, pas de refus des modes de jeux ni des gestes instrumentaux.
Au contraire, la pièce est construite à partir de quelques éléments "énergétiques" particulièrement violoncellistiques et liés au caractère impétueux de son dédicataire qui s'enchaînent, se catapultent et se transforment de façon non prévisible.
Par ailleurs, comme son titre le laisse supposer, D'un trait a été composé dans un laps de temps restreint et concentré et il y a une sorte "d'animalité" qui s'en dégage, une forme d'urgence et de tension que l'on retrouve dans les autres pièces que j'ai écrites dernièrement, malgré l'intervention de l'ordinateur dans le calcul de bon nombre de paramètres.
Pour paraphraser Gérard Grisey, "la musique se situe entre le nombre et le drame, entre le délire et la structure".