La composition du Requiem de Charles Gounod (1818-1893) fut marquée par la mort de son petit-fils de cinq ans, Maurice. Selon la tradition, Gounod lui-même mourut alors qu'il travaillait aux derniers détails de l'oeuvre. Différents arrangements du Requiem furent publiés posthume en 1895 par son élève Henri Busser ; la seule version intégralement composée par Gounod est la version pour grand orchestre, présentée ici en édition critique. Le Requiem de Gounod n'est pas dominé, contrairement à de nombreux requiems de l'époque, par l'horreur et l'obscurité : il se dégage de l'angoisse exprimée par le pénétrant chromatisme une atmosphère pleine d'espoir, une confiance dans la grâce accordée par Dieu. Cette confiance trouve également son expression dans la tonalité, inhabituelle pour ce genre, de do majeur. L'oeuvre fut jouée à l'occasion du premier anniversaire de la mort de son compositeur en l'église Sainte-Madeleine de Paris, sous la direction de Gabriel Fauré, et fut louée par la critique de l'époque.