Ce quatuor est conçu en quatre mouvements. Cette répartition ne se réfère pas vraiment à la forme usuelle au 18e et au 19e siècle. Les titres que j'ai donnés aux troisième et quatrième mouvements (première et deuxième réitération) expriment une préoccupation formelle spécifique au travail d'écriture musical que j'aborde en ce moment: établir des liens organiques entre les instants singuliers et successifs du temps musical, liens qui ne se ramèneraient pas à ce que l'on définit couramment par les termes de cellule génératrice ou processus. La notion de réitération/modification (je définis ainsi les "Diabelli" de Beethoven) permet de concevoir une forme structurée sur la reprise d'un élément mémorisable et structuré dans son évolution rythmique, polyphonique et harmonique: un vrai mantra. Ce n'est ni le thème de la sonate ou celui des "formes variation". Il ne faut pas ramener ce mantra à la fonction de thématique génératrice de la sonate, de la variation ou du leitmotiv de la fin du 19e siècle. Comme son nom l'indique, la réitération lui confère un caractère d'incantation quasi magique. Cette différenciation nécessiterait un développement théorique spécifique. Ici, nous décrivons cette réitération dans son rôle structurel. A chaque réitération, ce mantra (comme dirait Stockhausen) sera modifié. Dans ce quatuor, l'élément originaire réitéré sera réintroduit dans les deux derniers mouvements de façon à rendre perceptible à l'oreille les modifications des différentes composantes de l'élément originaire et plus particulièrement les différents possibles d'une trajectoire harmonique partant toujours d'un même point. On trouvera dans ce quatuor certaines caractéristiques de mon écriture récente pour cordes, notamment l'utilisation de sourdines vibratoires dans le premier mouvement, la polyphonie des rebonds d'archets dans le deuxième mouvement, des pizz. guitare dans le troisième mouvement et un contrepoint de vitesses superposées dans le dernier mouvement.