Unsuk Chin : Etudes
"Le critique musical Oscar Bie a écrit au sujet de Chopin qu’il n’existait « pas de musique de piano plus ‘réelle’ qu’une étude » car « l’essence-même du piano y devient musique ». Je suis du même avis non seulement vis-à-vis de Chopin mais également concernant les études d’autres grands compositeurs pour le piano, tels que Liszt, Bartók, Messiaen, et les œuvres de leurs prédécesseurs : Essercizi de Scarlatti, Clavier bien tempéré ou Klavierübungen de Bach… Je suis très attirée par l’aspect de surpassement « transcendantal » (Liszt) caractéristique de toutes les grandes études et par l’idée que le pianiste puisse dépasser ses propres limites.
L’Etude n°1, In C (en do), de 1999, fut influencée par la musique balinaise de gamelan avec laquelle je me suis familiarisée lors d’un séjour à Bali en 1998 et qui a joué un grand rôle dans plusieurs de mes œuvres. Bien que certains principes du gamelan aient été déterminants dans cette œuvre, à savoir ses configurations rythmiques (en particulier la superposition cohérente de trois pulsations différentes) et son univers tonal unique et iridescent obtenu par de subtiles manières d’accorder les instruments (impossibles à réaliser littéralement au piano mais qui peuvent être suggérées par la structure sonore de la pièce ainsi que par l’usage ajusté de la pédale par un pianiste expert), In C n’en est ni une paraphrase ni une imitation. L’harmonie de la pièce, autour de la note do, n’a rien de fonctionnel : la série des harmoniques de do sert seule au fondement harmonique de l’œuvre.
Les Etudes N° 2, 3 et 4 (Sequences, Scherzo ad libitum, Scales) ont été conçues et écrites comme un ensemble en 1995. Comparées aux autres études, celles-ci présentent une assez forte orientation vers la musique de piano du classicisme moderniste, en particulier en ce qui concerne la technique pianistique. Les titres Sequences et Scales (Gammes) des deuxième et quatrième études explicitent leur contenu compositionnel et pianistique. Scherzo ad libitum est une pièce de caractère, en contraste total avec les deux autres études.
L’Etude N° 5, Toccata, quoique proche de l’Etude N°1 en ce qu’elle est aussi construite sur la série des harmoniques de do, diverge diamétralement de l’immobilisme de celle-ci. Elle est dominée, ainsi que son titre le suggère, par une impulsion dynamique qui en fait résolument une pièce de virtuosité. Les motifs très simples du début de la pièce y acquièrent progressivement des formes de plus en plus complexes et denses.
L’Etude N° 6, Grains, fut composée en réponse à une commande du South Bank Centre de Londres à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de Pierre Boulez. Le principe de cette pièce repose sur la synthèse granulaire sur laquelle j’ai travaillé en studio électronique. Dans la musique électro-acoustique, les particules sonores digitales élémentaires, dont les sons durent entre 1et 50 microsecondes, sont désignées par le terme de « grains ». Ces « graines sonores » sont obtenues par la dissection de sons enregistrés et réarrangés par synthèse granulaire. J’ai tenté, dans Grains, de reproduire ce procédé sur les touches du piano. Cette pièce, de par sa technique pianistique et sa structure musicale, est très éloignée de la musique de piano traditionnelle."
Unsuk Chin
(Traduction Agnès Ausseur)
35.00
1. in c 2. sequenzen 3. scherzo ad libitum 4. scalen 5. toccata
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6. grains
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