Au tournant des XVIe et XVIIe siècles, la musique italienne connut une révolution digne de l'apparition de l'École de Notre-Dame, l'essor de l'Ars
nova ou du développement, par Arnold Schoenberg, du dodécaphonisme sériel. L'invention de la basse continue en Italie eut pour conséquence la publication - y compris en Allemagne où ce nouveau style se répandit presque immédiatement - de parties d'orgue ajoutées aux œuvres des grands maîtres de la
prima prattica tels que Palestrina ou Lassus. En effet, l'interprétation
a cappella des anciennes polyphonies n'intéressaient plus. Il s'agissait donc de sauver ce patrimoine en le modernisant. Contrairement aux interprètes d'aujourd'hui qui se piquent d'authenticité, les musiciens d'alors s'attachaient plutôt à mettre les œuvres des anciens au goût du jour.
Cette édition propose non seulement la mise en partition de la réduction à 4 voix, avec l'ajout d'une basse chiffrée pour l'orgue, de la célébre Missa papa Marcelli à 6 voix de Palestrina effectuée par le compositeur Francesco Anerio, mais aussi une proposition de réalisation de cette basse d'après les règles de l'époque ainsi qu'une documentation et des exemples sur la manière de transposer, d'orner et de diminuer une musique qui n'était pas exécutée telle qu'elle était écrite ni écrite telle qu'exécutée. Ces divers aspects - souvent méconnus dans l'enseignement de nos jours - ont été expérimentés avec des élèves des conservatoires de Chambéry et Grenoble (prof. Gaële Griffon du Bellay) et le chœur de la Sainte-Chapelle de Chambéry (dir. Benoit Magnin). Les ateliers d'improvisation ont été animés par le cornettiste William Dongois.