La Missa ad fugam de Palestrina est entièrement canonique. Toutes les polyphonies à quatre voix sont en double canon à la 4te. Dans l’Agnus Dei II, est ajoutée une cinquième voix en canon à l’unisson. Le Pleni sunt celi et le Benedictus sont en canon à 3 voix. Dans les deux sources publiées respectivement à Rome en 1567 et à Venise en 1598, seuls les antécédents de ces canons sont imprimés séparément. Le chanteur qui se voit confié l’exécution du conséquent (ou Resolutio) doit donc le déduire en lisant l’antécédent transposé à l’intervalle prescrit au moyen de la solmisation. Puisque celle-ci est identique dans les deux voix canoniques, la place des demi-tons l’est également. Les rares différences résulteront soit de la justification des intervalles diminués ou augmentés dans le contrepoint (causa necessitatis) soit de l’ajout de demi-tons (causa pulchritudinis), ces deux causes induisant des modifications purement extrinsèques.
Cette édition propose une version totalement différente de la Missa ad fugam réalisée selon ces principes. En effet, toutes les versions modernes de cette messe sont en mixolydien (mode de sol). Or, l’emploi de la solmisation, telle qu’elle était pratiquée au XVIe siècle pour résoudre les canons, aboutit à une version en dorien (mode de ré transposé sur sol).