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Le manuscrit du Sine nomine porte la date d’achèvement?: «?Paris, 24/2/1987?». Les circonstances de sa naissance auraient dû conduire à un résultat diamétralement opposé à ce que l’on entend?: il s’agissait d’offrir un cadeau de fête à Michel Jourdain (organisateur de la session d’été que tenait Rolande Falcinelli à Belley ainsi que de plusieurs de ses concerts à Paris) et elle remit la pièce au dédicataire accompagnée de vers de mirliton – en fait un acrostiche sur le titre Sine nomine, pour justifier… l’absence de titre?! –, laissant pressentir une pochade pour dîner entre amis… Or on découvre – ô stupeur?! – une musique sombre, tragique même, dévoilant les versants pessimistes et introvertis d’une personnalité en rupture face à l’ivresse matérialiste d’un monde en décomposition?; l’écriture s’avère pleinement représentative de son style à cette période, avec un langage harmonique tourmenté ne se posant jamais sur des repères sereins. Le chant généreux de l’alto s’élève en amples arches depuis les tréfonds mystérieux d’où naît la pièce. Le lyrisme de l’instrument tant aimé de la compositrice s’exprime comme pour survoler le chaos.
Sine nomine fut créé le 19 décembre 1987 par la compositrice au piano, avec le violoniste et altiste américain Jason Meyer, à l’Institut national des jeunes aveugles (Paris), sur un Bösendorfer Imperial, type de piano pour lequel Rolande Falcinelli nourrissait une prédilection affirmée, ce qui n’est pas sans importance pour les couleurs graves et profondes à rechercher dans l’interprétation de cette pièce.