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Manuel Saumell Robrero (1817-1870) est avec Ignacio Cervantes (1847-1905) l'un des compositeurs les plus importants de Cuba au XIXe siècle. Issu d'une famille modeste de La Havane, il travaille seul le piano puis avec L.M. Gottschalk, J.F. Edelmann et la composition avec Mauricio Pyke. Très vite il exerce une grande activité musicale : concerts en soliste, en trio (avec violon et violoncelle), arrangements, cours, réunions musicales etc. Mais c'est la composition d'une petite cinquantaine de contradanzas pour le piano qui l'a rendu célèbre.
La contradanza, genre musical et danse, est la version cubaine de la contredanse. Elle aurait une origine anglaise (country-dance), mais également française avec l'arrivée des colons français qui, fuyant la révolte des esclaves de 1791 et la révolution haïtienne, se réfugient avec leurs esclaves à Santiago de Cuba, amenant avec eux non seulement la culture du café, mais aussi leurs musiques et leurs danses (contredanse, menuet etc). La country-dance se pratique en ligne, une rangée d'hommes face à une rangée de dames, alors que la contredanse (ou "danse vis-à-vis") se danse en "quarré" (appelé plus tard "quadrille"). La contradanza sera vite à la mode dans les salons cubains, mais aussi dans les quartiers plus populaires de La Havane. Elle donnera par la suite naissance au très populaire danzón. Les contradanzas de M. Saumell sont des petites pièces, d'une écriture pianistique simple, écrites avec une grande économie de moyens. Les plus belles d'entre elles n'ont pas été écrites pour être dansées, mais bien pour être écoutées. Respectant le cadre étroit de la structure traditionnelle bipartite, le compositeur y fait preuve d'une grande richesse mélodique et rythmique. Elles sont remarquables par le grand contraste entre les deux parties : la première est toujours très proche des formes classiques européennes, alors que la seconde est invariablement créole par l'utilisation des figures rythmiques caractéristiques de la musique cubaine : habanera, tresillo (triolet), cinquillo (quintolet). Luisiana en est un exemple frappant, la première partie écrite presque comme de la musique ancienne servant d'introduction à la seconde partie où sont exprimés les rythmes créoles les plus typiques.
Manuel Saumell a vécu en marge des salons bourgeois de la capitale cubaine où l'on jouait la musique à la mode, emprunte de virtuosité et d'un brillant superficiel. Dans ses miniatures, il réunit une écriture profondément classique et un fort sentiment national cubain. Dans La musique à Cuba (Editions Gallimard, 1985), Alejo Carpentier dit ceci : "Grâce à lui, furent fixés et perfectionnés les éléments constitutifs d'une cubanité, qui étaient dispersés dans le milieu ambiant, et ne sortaient pas des salles de bal, pour former un fait musical complexe. Grâce au travail de mise au clair effectué par Saumell, l'élément populaire commença à alimenter une spéculation musicale consciente. On passait du simple instinct rythmique à la conscience d'un style. L'idée du nationalisme était née".
23.70
El bazar - los ojos de pepa - el pañuelo de pepa - luisiana - la virtu